GÉMIER (Firmin Tonnerre, dit Firmin)


GÉMIER (Firmin Tonnerre, dit Firmin) 1869-1933

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Biographie

Installé à Belleville, il suit sa scolarité à l’école primaire supérieure Turgot grâce à une bourse. Refusé deux fois à l’entrée du Conservatoire, il apprend l’art dramatique dans des théâtres de quartier, notamment au Théâtre de Belleville et aux Bouffes du Nord, ainsi qu’avec le Cercle des Echoliers, avant d’entrer au Théâtre Libre d’André Antoine en 1892 comme acteur et régisseur.
Il découvre avec Antoine la volonté de proposer un théâtre de qualité et bon marché. Il débute sur scène et se fait connaître par la première interprétation d’Ubu dans Ubu roi d’Alfred Jarry, au Nouveau-Théâtre de Lugné-Poe. Il quitte Antoine avec quelques membres de la troupe, et joue au Théâtre du Gymnase pendant une saison, puis dirige le Théâtre de la Renaissance où il s’essaye une première fois au théâtre populaire avec la mise en scène de Quatorze Juillet de Romain Rolland en 1902.
Redevenu acteur un an plus tard, pour payer les dettes contractées à la Renaissance, il s’associe à Camille de Sainte-Croix pour créer un théâtre populaire parisien, soutenu par la commission de la Chambre des Députés en 1906, mais refusé par le Conseil municipal de Paris. Il met également en scène à l’Odéon La Rabouilleuse d’après Balzac, pour laquelle il interprète Philippe Bridau.
À la tête du théâtre Antoine entre 1906 et 1919, il alterne pièces à succès et nouveaux auteurs pour équilibrer les recettes. Influencé par Romain Rolland et son « théâtre pour le peuple » et par le Théâtre du Peuple de Bussang, il crée, avec l’appui de Joseph Paul-Boncour, le Théâtre national ambulant (1911-1912) : à la tête de la troupe du Théâtre Antoine, avec plusieurs camions puis wagons pour le transport d’une salle démontable de 1 650 places, il parcourt la France pour présenter les pièces montées à Paris, tel qu’Anna Karénine, la Rabouilleuse et les Gaîtés de l’escadron. Faute de recettes suffisantes, malgré le gros succès populaire, l’expérience est rapidement abandonnée.
Il fonde la Société Shakespeare en 1917 et créé Le Marchand de Venise. Comme Antoine, Gémier cherche à renouveler la mise en scène : il investit la salle comme un élément de la scène, il utilise les effets de foule, poursuit le travail d’Antoine sur la lumière en supprimant la rampe et travaille avec Émile Jaques-Dalcroze l’intégration de la musique dans la représentation...
Il fonde ensuite le Théâtre national populaire (TNP) (1920-1933). Pour le critique Régis Messac, Firmin Gémier a trouvé « la formule exacte du Théâtre Populaire. [...] Gémier, écrit-il, a donc songé à offrir au peuple des spectacles beaux, émouvants, artistiques – et aristocratiques. Il lui présente les vieux et les nouveaux chefs-d’œuvre de notre art dramatique, avec les meilleurs acteurs. [...] Des orchestres excellents jouent du Beethoven ou du Mozart. [...] Le peuple se presse à ces représentations magnifiques. Le peuple, qui a du goût, se déclare enchanté et ravi. »
Il dirige simultanément le Théâtre de l’Odéon de 1922 à 1930. Il avait épousé l’actrice Andrée Mégard (1869-1952). Il a en 1922 avec la comédienne Mary Marquet un fils prénommé François dont il suit l’éducation. L’enfant sera adopté par le second mari de sa mère, le comédien Belge Victor Francen. Cherchant à entrer dans la résistance, le jeune homme est arrêté et meurt au camp de Buchenwald en 1943.
Il est chargé d’organiser le cérémonial du transfert de la dépouille de Jean Jaurès au Panthéon le 23 novembre 1924. Il écrit un article, « L’Internationale du théâtre » pour le premier numéro de La Nouvelle Revue Socialiste (décembre 1925) dirigée par Jean Longuet, par ailleurs avocat de Gémier, et Ludovic-Oscar Frossard.
Firmin Gémier est socialiste et franc-maçon, membre des loges La Clémente Amitié et Ernest Renan.

Oeuvres

Théâtre